La philologie au service de la pensée (Philology at the Service of Thought)

Du 20 au 23 juin 2022, s’est tenu à la salle Marie-Dominique Chenu, nouvellement créée dans les locaux rénovés du Couvent de Saint-Jacques à Paris, un séminaire de la Commission léonine. Selon le souhait du pape Léon XIII, en créant l’édition léonine en 1879, de « diffuser le plus largement possible la sagesse du Docteur Angélique », et à la suite de la visite canonique du Maître de l’Ordre, Bruno Cadoré, et du chapitre général de 2019 à Bien Hoa, la Commission léonine ouvre ses ressources scientifiques par l’accueil de chercheurs et offre des temps de formation. En juin 2018, avait déjà eu lieu un deuxième séminaire de ce genre. Après la crise sanitaire, cette activité a pu enfin reprendre.

En plus des frères de l’OP, il était ouvert à des étudiants extérieurs et bien entendu relayé par Zoom. C’est ainsi qu’une vingtaine de personnes ont pu participer à ce séminaire, tenu en anglais et en italien. Des frères étudiants des provinces Romaine, d’Espagne (Cuba) et des Philippines, deux étudiants en philosophie médiévale de la Sorbonne et un doctorant de Pologne se sont retrouvés autour des membres de la Commission léonine, à Paris, alors que via Zoom se sont joints à eux deux frères, une laïque dominicaine et trois doctorants de Lucerne et de Pise.

Il était question, à partir de l’expérience d’édition des textes de saint Thomas, de se familiariser avec l’histoire de la composition et de la transmission d’œuvres latines médiévales et avec leur méthode d’édition. Le but était d’introduire à une lecture des textes latins du moyen âge qui tienne compte de leur élaboration, de leurs sources et de la manière dont ces textes nous sont parvenus.

Deux types d’intervention ont été mis en œuvre : d’une part des interventions sur des dossiers typiques de cette problématique ; d’autre part des temps en atelier sur des questions pratiques.

Ainsi dans le premier volet, par l’histoire de l’Édition léonine, a été donné une introduction générale à l’ecdotique de textes latins du moyen âge, suivie d’exposés sur les genres littéraires autour de la disputatio et la manière de lire les textes, sur les traditions universitaires et classiques des textes, sur l’entrée de bouts de prédications dans un corpus d’autres textes.

Pour les ateliers, les participants ont pu s’initier à la codicologie, à la paléographie, à la critique textuelle et à l’élaboration d’un apparat des sources.

En outre, un exposé sur l’entrée du catalogue de la bibliothèque de la Commission léonine dans le projet Diamond, qui fédère plusieurs bibliothèques, dont la Bibliothèque Vaticane pour les manuscrits, et une visite de la Bibliothèque provinciale du Saulchoir et de ses fonds patrimoniaux ont permis de découvrir les instruments mis à la disposition des chercheurs. Une journée de découverte du Paris de saint Thomas venait apporter à la fois détente et permettre des rencontres plus informelles des uns et des autres. Elle a permis aussi de découvrir le Musée national du moyen âge (Musée de Cluny) restauré, ouvert depuis quelques semaines.

Si l’échange et la formation demeurent l’enjeu majeur de ces journées, il n’en reste pas moins qu’elles sont aussi pour les membres de la Commission une occasion de travailler ensemble à transmettre de leurs compétences et surtout l’occasion d’échanges précieux entre étudiants d’horizons différents, plus ou moins avancés dans leurs études (de la première année de philosophie au doctorat avec édition de textes) et partageant un même goût pour les textes médiévaux. Plus largement, ces journées initient au travail sur les textes et leur consistance dans leur élaboration et leur transmission : elles ouvrent ainsi à l’étude non seulement de Thomas d’Aquin mais à une attention renouvelée à d’autres corpus. Elles sont aussi une occasion d’une étude commune, ce qui n’est pas si fréquent dans notre vie de prêcheurs.

  Fr. Marc Millais, OP